SAM 30.10.2021
19:30-21:00
« Le mélange des genres appartient au passé. Le futur de ce type de projets, c’est d’abandonner la notion de catégories et de créer quelque chose de nouveau sur base des expériences passées. »
Frieder Nagel
Maxence Grugier : subassemblies est une performance audiovisuelle puissante et déstabilisante qui explore les relations qu’entretient l’humanité avec la nature. Quelle est la genèse du projet ? Comment vous est venue l’idée de cette création ?
Ryoichi Kurokawa : J’utilise souvent les motifs de la nature comme sujets car l’un de mes principaux axes de création est la reproduction de phénomènes naturels, comme les lois de la physique et de la biologie. Les bâtiments abandonnés m’attirent beaucoup depuis longtemps et à différents niveaux. L’idée originale était d’employer ces structures pour contraster avec celles de la nature.
Dans subassemblies, le paysage est dévasté. Les structures architecturales sont envahies par la végétation sauvage. C’est une vision post-apocalyptique des fondations de ce qui fait l’humanité : son architecture, ses bâtiments. En tant qu’artiste, pensez-vous que l’humanité court à sa perte actuellement ?
Il se peut qu’on risque l’autodestruction en effet. On peut dire que c’est une sorte de conscience partagée aujourd’hui. Les humains à eux seuls changent la dynamique de la terre ; pourtant, je pense que nous avons la responsabilité de la préserver pour toutes les formes de vies autres qu’humaines.
Techniquement, comment avez-vous travaillé sur le graphisme et le visuel de cette pièce ? Est-ce totalement recréé en 3D, en photographie 4D, en photogrammétrie ?
Tous les visuels et les matériaux graphiques de ce projet sont basés sur des données réelles capturées par un scanner d’imagerie laser qui forme des nuages de points. Je scanne les éléments réels, puis je transforme ces données (ces nuages de points) avec différents degrés d’ombrage qui aboutissent à des rendus variés.
Subassemblies est une expérience très forte. Comment voulez-vous que le public se sente pendant la représentation ? Essayez-vous de manipuler l’esprit du public ? Voulez-vous faire sentir « physiquement » l’ampleur de notre déroute en tant qu’espèce ?
Je ne cherche pas à manipuler l’esprit du public, l’œuvre peut être interprétée de différentes façons. Je veux proposer une inspiration plutôt que de livrer un message spécifique ou une opinion. Je ne veux pas influencer le spectateur en verbalisant, ou alors uniquement avec un langage visuel. J’essaie de laisser le public réfléchir par lui-même grâce à l’expérience, de fournir des déclencheurs ou des prises de conscience.