Installation performative, dimensions variables, 2012-2022

HUMAN STUDY#1, 3 RNP

Patrick Tresset (FR/BE)

Human Study #1 est une installation où l’humain devient acteur. Dans une scène qui rappelle un cours de dessin d’après nature, l’humain prend le rôle du modèle pour être croqué par quelques robots. Lorsque le sujet arrive au rendez-vous, il/elle prend place dans un fauteuil. Un·e assistant·e fixe des feuilles de papier sur les bureaux des robots et les réveille en leur tordant le bras ou en frappant trois fois.

Les robots, artistes minimaux stylisés, ne sont capables que de dessiner de façon obsessionnelle. Leurs corps sont de vieux pupitres d’école sur lesquels est épinglé le papier à dessin. Leurs bras gauches, boulonnés sur la table, tenant des stylos Bic noirs, ne savent que dessiner. Les robots RNP se ressemblent tous, à l’exception de leurs yeux qui sont soit un vieil appareil photo numérique, soit une webcam basse résolution. Leurs yeux se concentrent sur le sujet ou regardent le dessin en cours.

Les séances durent 15 minutes, pendant lesquelles l’humain ne voit pas les dessins en cours. Il/elle ne voit que les robots alterner entre observation et dessin, et parfois faire une pause. Les sons produits par les moteurs de chaque robot créent une bande sonore improvisée.

Le modèle est dans une position ambivalente : à la merci du regard des robots, mais aussi objet d’attention artistique. En tant que modèle dans un cours de dessin d’après nature, l’humain est sans personnalité, un simple objet d’étude. L’humain semble passif, les robots assumant ce qui est perçu comme un rôle artistique. Mais c’est dans son immobilité, dans sa pose que repose son rôle actif : pour les spectateurs, le modèle fait bel et bien partie intégrante de l’installation.

Le RNP a été développé à l’origine par Patrick Tresset pour pallier une sévère panne d’inspiration dans sa pratique de la peinture. Le RNP pourrait être vu comme une prothèse créative ou un autoportrait comportemental. Même si la façon de dessiner de Paul le robot est basée sur la technique de Tresset, son style n’est pas un pastiche de Tresset, plutôt une interprétation influencée par les caractéristiques du robot.

L’installation 5RNP a été créée au festival Merge en association avec la Tate Modern à Londres en 2012. Elle a ensuite été exposée au Museum of Modern and Contemporary Arts (Séoul), à Ars Electronica 2014 (Linz), BOZAR (Bruxelles), Variation (Paris), BIAN (Montréal), au Mori Museum (Tokyo) et à Update_5 (Gand) où il a remporté le Prix du Public et le 3e Prix du Jury.

Installation performative, dimension variable, 2012-2022

Patrick Tresset

Patrick Tresset est un artiste basé à Bruxelles qui, dans son travail, explore les traits humains et certains aspects de l’expérience humaine. Son travail reflète des idées récurrentes telles que l’incarnation, le temps qui passe/passer le temps, l’enfance, le conformisme, l’obsession, la nervosité, le besoin de raconter des histoires et de laisser une trace. Il est surtout connu pour ses installations performatives utilisant des agents robotiques comme acteurs stylisés qui laissent des marques et pour son exploration de la pratique du dessin à l’aide de systèmes informatiques et de robots.

À l’approche de la quarantaine, après avoir été peintre pendant 15 ans, il s’inscrit au Goldsmiths College de Londres pour obtenir une maîtrise, puis un MPhil (Master of Philosophy) en arts et technologies informatiques. À côté de sa pratique artistique, il a été chercheur invité senior à l’Université de Constance en 2013 et est actuellement professeur adjoint à l’Université de Canberra. Ses travaux de recherche sont référencés dans plus d’une centaine de publications académiques dans divers domaines (infographie, dessin, psychologie, IA, robotique).

 

Depuis 2011, son travail a été montré lors d’expositions personnelles et collectives, notamment en collaboration avec de prestigieux musées tels que le Centre Pompidou (Paris), la Fondation Prada (Milan), la Tate Modern (Londres), le V&A (Londres), le MMCA (Séoul), le Grand Palais (Paris), BOZAR (Bruxelles), TAM (Pékin), Mcam (Shanghai), le Mori Museum (Tokyo). En 2015 parait une monographie de sept essais sur le travail de Patrick, Human Traits and the Art of Creative Machines, publiée par le Center for Contemporary Art Laznia et éditée par Ryszard W. Kluszczyńs. Ses dessins figurent dans un grand nombre de petites collections privées et dans des collections plus importantes, dont celles du V&A (Londres), de la Fondation Guerlain (Paris), du McaM (Shanghai) et de la Maison d’ailleurs (Yverdon). Ses installations ont été récompensées par plusieurs prix et distinctions (Lumens, Ars Electronica, NTAA, Japan Media festival). Ses œuvres ont figuré dans de nombreux médias, notamment : Art press, Art review, Beaux art, Frieze, Arte, Form, Wired, Vice, BBC, DeWelle, Le Monde, New York Times.

© Patrick Tresset
© Patrick Tresset